FUMER LE CIGARE,
C’EST AVANT TOUT UN ETAT D’ESPRIT !

La légende du cigare

La légende s’est bâtie sous les volutes parfumées du cigare.

Autrefois réservé à une élite, il est aujourd’hui démocratisé, et fumé par hommes, femmes, jeunes et moins jeunes. Il semble s’apparenter à un certain mode de vie, un goût particulier pour la bonne chère, et renvoie une image d’Épicure. La cigarette se fume nerveusement, automatiquement. La dégustation d'un grand cigare s'apparente donc davantage à la gastronomie qu'à la consommation compulsive d'un quelconque stimulant tabagique. Le cigare se déguste, se hume, se déguste bien différemment. Fumer le cigare constitue en soi une sorte de rite, et le comble du bonheur, après un bon repas, pour les addicts du Havane et autres AOC. Lorsque vous décidez d’allumer un cigare, vous commencez par toucher et caresser sa cape, vous le humez pour profiter de ses arômes avant de passer à l'acte, et votre sensorialité s’éveille pour en découvrir la saveur particulière. Fumer le cigare obéit à une cérémonie, avant, pendant et après. La fumée du cigare s’avale rarement, contrairement à la cigarette, le connaisseur la fait tourner dans sa bouche pour mieux apprécier les saveurs du mélange de tabacs offerts à sa dégustation. Il sait reconnaître le tabac mûri et vieilli, sélectionné avec amour par les cultivateurs, pleins d'arômes subtils, d'odeurs poivrées, élaborées par des spécialistes et le plus souvent, roulés à la main.

L’intérêt d’une certaine classe pour le cigare remonte aux aventures de Christophe Colomb, qui découvre non seulement l’Amérique, mais aussi le tabac fumé par les indigènes pour invoquer les dieux. Importé en Europe, il fait plutôt office de médicament. Mais en 1560, l’utilisation du tabac se propage en France grâce à Jean NICOT. Celui-ci, croyant à l'effet curatif de la plante, envoie de la poudre à la Reine Catherine de Medicis afin de traiter les terribles migraines de son fils François II. Le traitement a du succès et le tabac devient ainsi “l'herbe à la Reine” dont la vente sous forme de poudre est réservée aux apothicaires. En l'honneur de Jean NICOT on appelle le tabac à partir de maintenant “Nicotiana Tabacum”. Au 18e siècle, La Havane obtient de Madrid l’autorisation de transformer une partie du tabac de l’île.

Les premières fabriques ouvrent leurs portes. Mais c’est à Séville qu’est inventé le cigare tel qu’on le connaît, composé exclusivement de tabac. Autrefois le cigare était enveloppé dans les feuilles d’autres végétaux. À Cuba les premières marques apparaissent en 1810. C’est à ce moment que le cigare de Cuba prend le nom de Havane et, à une prééminence absolue, rafle toutes les médailles aux expositions universelles. Si pour les Français, les Espagnols, les Britanniques et bien d’autres pays, le Havane reste le prince des cigares, il n’en reste pas moins que dans certaines régions des États-Unis et de l’Europe du Nord, il est très peu commercialisé pour des raisons évidentes de boycott. La bague qui entoure le cigare est la signature du fabricant. Elle est façonnée en anneaux dans du papier le plus souvent coloré. L’origine légendaire de la bague vient des Élégants du 18e siècle qui utilisaient une bande de papier qu’ils roulaient proches de la tête du cigare pour protéger leurs doigts ou leurs gants. Un bon cigare, c’est une véritable œuvre d’art pour les amateurs avertis. Partie d’une poignée de feuilles de tabac séchées, l’élaboration de l’un des articles de luxe les plus prisés du monde requiert plusieurs dizaines d’étapes.

La Havane est la capitale du cigare. C’est ici que se fabrique depuis des siècles le légendaire havane, dont l’exportation à travers le monde fait la gloire du pays avec 100 millions de cigares roulés ici chaque année. Avant d'entamer certains havanes, notamment le fameux Churchill de Roméo y Julieta, l'Esplendido de Cohiba, le Corona extra de Bolivar, il est préférable d'avoir fait bonne chère, car les cigares Cubains ont la particularité d'être copieux. Ils rassasient rapidement si l'on a l'estomac vide, et il serait dommage d'en abandonner la dégustation après seulement quelques bouffées. Cet inconvénient est moins flagrant pour les cigares dominicains ou du Honduras dont la fumée moins dense, permet, pour la plupart, de les fumer à tous moments. Bonne dégustation !