FUMER LE CIGARE,
C’EST AVANT TOUT UN ETAT D’ESPRIT !

Fumer

Fumer le cigare ne s’improvise pas et on ne passe pas de la cigarette lambda à la consommation de savoureux havane sans quelques précautions et rituels obligatoires.

Fumer le cigare répond à une technique et des codes qu’il faut respecter pour profiter au mieux de cet instant privilégié. Un cigare se hume, se respire, se coupe, s’allume et finalement se fume. Une fois allumé, gardez en bouche la fumée, ne la soufflez pas sur vos voisins et ne l’avalez surtout pas. Elle doit se poser quelques secondes sur l’arrière de la gorge pour vous permettre de saisir la finesse et le goût particulier du cigare. Si vous inhaliez la fumée du cigare vous risqueriez de cracher vos poumons dans une toux peu élégante qui ne sied guère à votre piédestal de nanti, puisque le fait de fumer le cigare semble garder au fil des décennies son aura de bienséance et d’élite. Même si l’acte en lui-même s’est parfaitement démocratisé et si le prix des meilleurs cigares permet à tous de les goûter.

Un cigare ne se consume pas jusqu’au bout, au risque de laisser un arrière-goût dans la bouche, il finit de se consumer dans un cendrier et il est inutile de l’écraser comme une cigarette. Quand on déguste un cigare, on dit bien déguster et ne pas fumer, dans l’esprit compulsif identique à celui qui mène à fumer des cigarettes, il est essentiel de se plonger dans un espace intemporel, et de profiter de l’instant, que ce soit à la fin d’un bon repas, accompagné d’une liqueur forte, lors de débats philosophiques plus ou moins animés, ou en regardant le soleil se coucher. Pour vraiment se plonger dans une symbiose avec son module et sa saveur particulière, il ne faut pas être pressé. Il est donc important de choisir un instant de la journée où vous pourrez vous accorder un pur moment zen de dégustation comme vous le feriez avec un bon cognac.

Le cigare s’apparente à l’épicurisme, à la gastronomie et aux grands vins. Le fumer dénote d’un certain état d’esprit. Généralement, la dégustation du cigare obéit aux règles des trois tiers. Le premier tiers est suave sans développer tous les arômes ou alors carrément agressive avec des saveurs âcres et acides. Après ces premières bouffées, parfois surprenantes, on savoure très vite, dans les cigares de qualité, des saveurs multiples qui viennent accrocher les papilles. Le second tiers est censé délivrer la plénitude du cigare. C’est le point d’équilibre des grands cigares qui vous amènent doucement vers l’apothéose des saveurs. C’est donc le dernier tiers qui montre un regain de puissance afin de terminer la dégustation dans une fumée turbulente et envoûtante. Bien sûr, chaque cigare adopte un rythme qui lui est propre dicté par la manière dont vous tirez dessus. Si vous tirez continuellement sur votre vitole, il est probable qu’elle chauffera un peu et développera des arômes plus puissants. Si par contre, vous laissez le cigare s’éteindre, il se peut qu’il ne puisse pas donner tout ce qu’il a dans ses feuilles roulées.

Les fumeurs de cigarettes auront bien plus de difficultés à apprendre à fumer le cigare et auront tendance à "avaler" la fumée, ce qui n'est vraiment pas l'idéal avec les cigares, car le taux de nicotine est environ 15 à 20 fois plus élevé qu'une cigarette. La quantité de fumée et la fréquence de fumage restent à votre guise, mais il faut savoir prendre son temps et un fumage trop rapide risque de vous donner des sueurs froides et de vous écœurer alors il faut ne pas aller trop vite. Il faut tirer en général une à trois bouffées par minute. Ainsi on ne s’improvise pas fumeur de havane.

Sa dégustation est un art et fumer un cigare doit rester un plaisir que l’on s’accorde de temps en temps dans des moments privilégiés.